Crime à la cathédrale de Lectoure

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Qui a commis ce crime ?
Qui a été tué ?
Par une belle journée ensoleillée, plus précisément le lundi quatre juillet à sept heures zéro sept, le TGV Paris-Toulouse entra en gare d’Agen.
Un homme d’une soixantaine d’années, grand, environ un mètre quatre-vingt cinq, les cheveux grisonnants, descendit du TGV. Il portait une soutane.
Il se dirigea vers l’arrêt du bus où déjà quelques personnes attendaient. Il demanda à l’une d’entre elle, avec un léger accent du nord :
— Pardon madame, c’est le bus pour Lectoure ?


— Oui, père. Vous êtes le nouvel abbé de Lectoure ? questionna la jeune femme.
— C’est exact, madame. Je prends mes fonctions aujourd’hui.
— Enchantée, père. Vous vous y plairez. C’est calme, c’est beau et les gens sont sympathiques.
— Je n’en doute pas. Merci pour le renseignement.
Ils montèrent dans le bus.
Après quarante-cinq minutes de trajet, ils arrivèrent à l’arrêt du bus juste à côté du bar Le XIII. Il descendit. Là, un homme de petite taille, bien enveloppé, vêtu d’une blouse bleu marine, d’une chemise et d’un pantalon trop court, l’accueillit.
— Bonjour, Père Caumont, je suis Petit Guy, le sacristain.
Tout le monde à Lectoure connaissait Petit Guy, dit aussi Petit Beurre.
— Bonjour, Petit Guy, répondit le curé.
— J’ai pris avec moi un chariot pour porter vos bagages. Ce n’est pas très loin, mais c’est préférable comme ça.
Il prit la valise de l’abbé, somme toute un peu lourde, la mit sur le chariot et ils se dirigèrent vers l’Hôtel des Trois Boules, hôtel particulier qui faisait office de presbytère. L’abbé Caumont put admirer la cathédrale avec son joli parvis, le bâtiment de l’office de tourisme et l’entrée de la mairie.
Sitôt sa valise posée dans ses nouveaux appartements, il voulut aller visiter l’intérieur de la cathédrale où il ferait la messe tous les dimanches. Il la trouva magnifique.A la fin de l’office du dimanche matin, il fut surpris de voir, en sortant de l’édifice, que des fidèles dressaient des tables faites de tréteaux et de planches de bois que des nappes en papier recouvraient et que, sur ces nappes, ils posaient des bouteilles de coca, de jus d’orange, de Perrier, d’eau, mais aussi de vin blanc, de rosé et de vin rouge, ainsi que des cacahuètes, des gâteaux et toutes sortes de choses pour accompagner les boissons.
— Tiens, dit-il, c’est original ça, en se retournant vers Petit Guy.
— C’est la tradition. A chaque fin de messe, tout le monde est invité à boire l’apéritif.
— C’est la première fois que je vois ça, c’est original. Ça me plaît bien. Allons-y alors. Il fut le premier à être servi. Il goûta un petit Moonseng, nouveau vin de la coopérative de Plaimont, qu’il but à petites gorgées. L’abbé était très apprécié des fidèles et même de la population lectouroise. Il fut vite intégré. Il prit l’habitude, tous les dimanches midi, de sortir de la cathédrale accompagné de fidèles qui ne manquaient pas de le questionner sur divers sujets.
Le dimanche quatorze août, les cloches sonnèrent mais l’abbé ne sortit pas. Au bout de dix minutes, madame Rouel s’adressa à l’enfant de chœur en lui demandant :
— Tu n’as pas vu l’abbé ?
— Si, j’étais le dernier à enlever l’aube, il m’a dit qu’il avait eu mal au ventre pendant la cérémonie et il a dû aller aux toilettes.
Dix minutes passèrent, puis vingt, puis trente, et toujours pas d’abbé à
l’apéritif. Tout le monde se demandait ce qu’il faisait. Madame Rouel dit à l’enfant de chœur d’aller voir.
Tout à coup, on entendit crier :
— Au secours, au secours ! L’abbé est blessé ! Il y a du sang !
Tout le monde resta bouche bée. Deux élus, se trouvant près de la porte, prirent tout de suite les devants en annonçant :
— Ne bougez pas, on va voir ce qu’il se passe !
Il coururent vers la sacristie où ils trouvèrent le curé allongé, la tête baignant dans le sang.
— Oh merde, dit l’un d’entre eux. Il faut appeler le médecin.
Le deuxième appela le médecin de garde qui constata que l’abbé Caumont était mort. Il s’adressa aux deux élus :
— Il y a du chambardement dans cette pièce. Il ne faut toucher à rien. Je vous conseille d’appeler les gendarmes.
L’un d’entre eux appela donc la gendarmerie. Samy et Pierre arrivèrent sur les lieux. Ils eurent un peu de mal à se frayer un passage. La population bouchait l’entrée de la cathédrale.
— C’est pas clair tout ça, t’as vu l’état de la pièce ? dit Samy.
— T’as raison, pas du tout clair, répondit Pierre. Le curé a dû être assassiné. Il faut appeler le procureur de la république.
Le procureur de la république, monsieur Carnalo, qui était en train de manger en famille, répondit à l’appel et leur répondit qu’il faisait le nécessaire immédiatement. Il appela le commissaire Bidot du DRPJ d’Agen, antenne de Toulouse, qui prit tout de suite la direction de Lectoure avec l’inspecteur Bardini et une inspectrice stagiaire, Sylvie. De son côté, le procureur, installé à Auch, interrompit son repas, monta dans sa voiture et regagna Lectoure. Il arriva avant eux et les attendit patiemment.
— Ah ! Vous arrivez ! Vous en avez mis du temps ! Pourtant vous auriez dû arriver à peu près en même temps que moi. Il y a à peu près autant de kilomètres d’Auch à Lectoure que d’Agen à Lectoure. Bonjour messieurs, bonjour madame.
— Bonjour monsieur le procureur, on n’a pas eu de chance, il y avait un accident sur la route, répondit le commissaire Bidot.
Ils se connaissaient bien pour avoir déjà mené des enquêtes ensemble. Le commissaire Bidot ressemblait à Lino Ventura vers ses cinquante ans. Bien qu’il faisait chaud, il portait un costume et une chemise blanche en lin beige et des chaussures de ville assorties. L’inspecteur Bardini, lui, était un peu plus jeune, la quarantaine, et était vêtu comme beaucoup d’hommes de nos jours : jeans, baskets et tee-shirt, le crâne rasé et la barbe mal taillée. Sylvie, elle, était une élégante jeune femme, blonde aux yeux bleus. Elle fut présentée au procureur qui n’y prêta guère attention. Ils durent se rendre à l’évidence et constater qu’il y avait bien eu un homicide.
— Il y a eu une lutte, c’est évident, dit le procureur de la république, petit homme ventru aux lunettes rondes cerclées de métal, l’air intellectuel, qui connaissait bien son métier puisqu’il n’était pas loin de la retraite.
— On ne touche à rien, dit-il. Mademoiselle Sylvie, voulez-vous appeler la police scientifique s’il vous plaît ? On en a besoin.
Sylvie exécuta les ordres.

La suite sur demande.

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